jeudi 29 janvier 2009

"Nous sommes toujours vivants"


"Les peuples indigènes ne sont pas le folklore de la démocratie".
L'affirmation est franche. Elle émane de l'un des nombreux représentants
des peuples indigènes d'Amazonie venus s'exprimer en ce premier jour du Forum social mondial de Belem, rebaptisé "Journée de la Pan-Amazonie".

Tout un symbole que cette ouverture ! Elle s'inscrit dans la volonté du Conseil international du FSM d'élargir la base sociale du processus des forums sociaux et d'inclure celles et ceux qui, jusqu'à présent, étaient restés à la marge. Pour ce faire, simultanément, sur trois scènes gigantesques, des délégations indigènes des neuf pays de la région amazonienne (Bolivie, Brésil, Colombie, Equateur, Guyana, Guyane française, Pérou, Surinam et Venezuela) vont défiler, alternant prises de parole politique et performances culturelles. Si, sur les deux scènes de l'Université fédérale du Para (UFPA), les démonstrations sont au point et le message clair, sur la scène de l'Université fédérale rurale d'Amazonie (UFRA), c'est un petit peu plus confus (pour les habitués des forums sociaux, rien de bien étonnant pour un premier jour).
En effet, rares sont celles et ceux qui comprennent que ce qui se passe sur cette gigantesque scène, à l'entrée de l'UFRA, n'est pas un happening indigène coloré mais bien une tribune d'expression politique et culturelle forte. Le déroulement et la succession des interventions ne sont pas lisibles et les orateurs qui s'expriment dans leur propre langue avant d'être traduits en espagnol ou en portugais, n'incitent pas les participants ne maitrisant ni la langue de Cervantès ni celle de Saramago à faire un stop. Ou alors, seulement pour se permettre de prendre des photos de représentants indigènes parés de leurs plus beaux atours ou pour se faire copier sur le bras une pâle copie des tatouages traditionnels. Au pays d'un autre monde possible, l'ethnotourisme demeure... et laisse un arrière goût bien amer dans la bouche.
Et pourtant, une fois que l'on fait l'effort de s'installer (sous un soleil écrasant), on assiste à un moment exceptionnel. Les peuples indigènes s'emparent de l'espace qui leur est enfin offert pour livrer des messages forts, vibrants où se mêlent la colère qu'a enracinée en eux l'oppression qu'ils subissent depuis plus de 500 ans et leur résolution passionnée à être les acteurs de la construction d'un autre monde, un autre monde qui se nourrirait aussi des valeurs qu'ils ont su préserver et du respect de la Pachamama, la Terre Mère des Amérindiens.

C'est pourquoi, d'où qu'ils viennent, tous les orateurs ont appelé le Forum social mondial à relayer leur appel à une mobilisation générale, le 12 octobre 2009 (date anniversaire de la "découverte de l'Amérique" par Christophe Colomb), pour la défense des droits des peuples indigènes et le respect de la mère nature. "Il faut passer à l'action et refuser le matérialisme et la marchandisation du monde, déclare un représentant bolivien avant d'ajouter, non sans une fierté légitime : Après plus de 500 ans de lutte, nous sommes toujours vivants".

David ELOY - Altermondes









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